Sylvie Mermoud et Pierre Bonard (basés à Lausanne), deux artistes pour une oeuvre… À vrai dire, dessiner «à quatre mains», c’est quand même, malgré tout, dessiner à deux mains, même si cela, on l’imagine, engage deux êtres à part entière.
Chez Mermoud & Bonard, c’est l’alternance qui prévaut. Et même si l’un ou l’autre se retrouve seul dans l’exercice, à un moment donné, il faut d’abord noter la très grande prévenance au sein de ce couple dessinant: chacun préparant le terrain de l’autre, soucieux d’éviter toute superposition des traits. C’est ainsi dans l’élaboration de la composition que se joue la nature proprement collaborative de l’œuvre. Et dans ce jeu de chassé-croisé, on pense véritablement à une danse… Ce n’est pas vraiment une danse de salon que nous inspirent ces dessins.
L’univers dans lequel évoluent Mermoud & Bonard – du minéral au végétal, du menaçant à l’apaisant, du fluide au rugueux, du souple au rigide, du sombre au lumineux, du burlesque au tragique – de la pulsion de mort à la pulsion de vie, diraient les freudiens, tout cela fait valser notre regard. Nous voilà au creux d’une danse à la fois macabre et joyeuse. Je l’appelle « un tango au bord du précipice ».
Texte de Christian Pellet